Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/248

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— Si, dis-je, mais elle quitte plus tard parce qu’elle a peur de vous.

— Peur de moi ! fit-il.

Et son inquiétude sembla augmenter tandis qu’il reprenait :

Mais c’est pour nous marier ensemble que je cherche à lui parler.

Il rit, en ajoutant :

— Il n’y a pas un de mes camarades qui ait une femme aussi belle.

Et tout de suite il me donna son nom et son adresse.

Gabielle ne fut pas joyeuse comme nous l’espérions à cette nouvelle. Elle oublia d’un coup tout le bonheur entrevu et ne songea plus qu’à son histoire du bal Bullier.

— Avant tout, dit-elle, il faut qu’il sache la vérité.

Et malgré les haussements d’épaules de Bergeounette, elle écrivit une lettre dans laquelle elle racontait simplement son malheur et où elle avouait avec la même franchise l’amour que le sergent lui inspirait.

Plusieurs jours passèrent, puis Gabielle, qui surveillait l’avenue, aperçut un soir le jeune homme accoté à un arbre assez éloigné. Elle rougit violemment et se détourna un peu pour nous dire :

— Celui-là aussi me méprise.

Et toute frémissante, elle me supplia d’aller chercher la réponse.