Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/260

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C’était surtout à ses yeux que je revenais. Ils étaient si calmes et si doux qu’on avait de la peine à en détourner les siens. La lumière y entrait profondément et on eût dit qu’il faisait jour derrière eux.

Dans l’espoir de trouver les miens semblables je voulus les revoir, mais je ne les retrouvai pas. Il me sembla voir à leur place deux fenêtres largement ouvertes où quelqu’un se tenait penché.


Mme Doublé n’attendit pas la fermeture de l’atelier pour obliger sa belle-sœur à créer des modèles et faire les essayages de ses clientes. C’était pour Mme Dalignac une fatigue de plus qui la laissait déprimée et nerveuse à l’excès. La journée finie, elle refusait de manger et restait tassée sur un tabouret au lieu de s’étendre sur la chaise longue du patron.

À l’heure du coucher, elle disait :

— Je suis si lasse que j’ai la paresse de me mettre au lit et que l’envie me vient de me coucher dessous comme un chien.

Elle, qui n’avait jamais été malade, souffrait des reins maintenant. Son beau corps si droit se ployait pendant les heures de travail. Alors, les coudes appuyés sur la table, elle me disait pour s’excuser de ce repos :

— Il y a des moments où je ressens comme une lassitude de mort.

Mme Doublé n’était pas lasse, jamais elle n’avait paru aussi active. Son acte d’association en