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mois. Le mariage d’une jeune fermière voisine fut pour eux le commencement de passe-temps imprévus. Ils retrouvèrent leur langue pour parler de cette messe de mariage à laquelle ils étaient priés d’assister ainsi que tous les gens du village. Il y avait l’église, qu’ils imaginaient, pour ce jour-là, resplendissante comme un paradis. Il y avait la robe blanche de la mariée, et les jolies toilettes des demoiselles d’honneur. Mais surtout, il y avait la robe, laine et soie, que Nestine gardait dans un carton depuis elle ne savait combien d’années, et qui portait des traces de mites qu’il fallait dissimuler à tout prix.

Pour le complet gris-fer de Nestin, le mal était moindre, parce qu’il le portait au moins une fois l’an. Mais que de peine pour en effacer les mauvais plis et lui donner l’apparence d’un vêtement neuf !

Le mariage passé ils en parlèrent pendant une bonne semaine encore, et, pour continuer à se distraire, ils prirent l’habitude d’aller à la messe de tous les mariages des environs.

Bons marcheurs, bien chaussés de souliers dont le cuir était bon et le fil solide, ils par-