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MARIE-CLAIRE

— Es-tu malade ?

J’eus conscience qu’elle m’accompagnait jusqu’à mon prie-Dieu, qu’elle me mettait mon cierge dans la main, en disant :

— Tiens-le bien.

J’avais la gorge si serrée qu’il m’était impossible d’avaler, et je sentis qu’un liquide me coulait de la bouche.

Alors, une peur folle monta en moi, car Madeleine nous avait bien averties, que s’il nous arrivait de mordre l’hostie, le sang de Jésus coulerait de notre bouche sans que rien pût l’arrêter.

Sœur Marie-Aimée m’essuyait le visage, et disait tout bas :

— Fais donc attention, voyons ; es-tu malade ?

Ma gorge se desserra, et j’avalai brusquement l’hostie avec un flot de salive.

J’osai alors regarder le sang qui était sur ma robe, mais je ne vis qu’une petite tache pareille à celle qu’aurait pu faire une goutte d’eau.

Je portai mon mouchoir à mes lèvres et j’essuyai ma langue : il n’y avait pas non plus de sang sur mon mouchoir.