Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/384

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cevoir quelques-uns qui s’étaient blottis entre les plus grosses branches et le tronc. On en abattit deux sur le coup : c’étaient des oursons de petite taille ; et comme ils étaient déjà plus d’à demi morts, on les abandonna aux chiens, qui les eurent promptement dépêchés.

Nous ne cherchions qu’à nous amuser le plus possible. Ayant remarqué l’un des ours qu’à l’apparence nous jugeâmes être la mère, nous ordonnâmes aux nègres de couper par le pied l’arbre sur lequel elle était perchée. Il avait été préalablement convenu que les chiens auraient à s’escrimer avec elle, et que nous, nous les appuyerions et viendrions à leur aide, en blessant l’animal à l’une des jambes de derrière, pour l’empêcher de s’échapper. Et déjà retentissait dans les bois le bruit de la hache répété par les échos d’alentour ; mais l’arbre était gros, d’un bois très dur, et l’opération menaçait d’être longue et fatigante. À la fin pourtant, on le vit qui tremblait à chaque coup ; il ne tenait plus que par quelques pouces de bois ; et bientôt, avec un effroyable craquement, il tomba sur la terre d’une telle violence, que sans doute commère l’ourse dut en ressentir un choc aussi terrible que le serait pour nous la secousse de notre globe produite par la collision subite d’une comète.

Les chiens s’élancèrent à la charge, harassant à l’envi la pauvre bête ; et nous, étant remontés à cheval, nous la tenions enfermée de tous côtés. Comme sa vie dépendait de son courage et de sa vigueur, elle déploya l’un et l’autre avec toute l’énergie du désespoir ; tantôt, saisissant l’un des chiens, qu’elle étranglait à la pre-