Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/102

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qui ne les empêcha pas d’exprimer le plaisir qu’ils éprouvaient en voyant quelques-uns de mes dessins, et de m’offrir leurs services pour me procurer de nouveaux échantillons. On proposa des expéditions au loin et au près, on en arrêta même une pour le lendemain matin, et nous nous quittâmes amis.

Le lendemain donc, de bonne heure, nous partîmes, avec plusieurs de ces braves gens, pour la clef dite l’île des Boubies, et éloignée d’environ dix milles. Leurs bateaux, bien manœuvrés, volaient sous l’impulsion prolongée de vigoureux coups de rames, tels que savent en donner les équipages des baleiniers et des vaisseaux de guerre. Le capitaine chantait, et parfois en se jouant, courait des bordées avec notre belle chaloupe. Bientôt nous atteignîmes l’île des Boubies, et là ce fut une vraie partie de plaisir. Ils étaient de parfaits tireurs, avaient d’excellents fusils, et en savaient plus long, sur les Fous et les Boubies, que les quatre-vingt-dix-neuf centièmes des meilleurs naturalistes du monde. Ajoutez qu’ils n’étaient pas de moindre force à la chasse au daim ; et qu’à certains moments, quand l’ouvrage manque, ils n’ont qu’à descendre sur quelque île un peu étendue, pour se procurer, en deux heures, une provision complète de venaison délicieuse.

Quelques jours plus tard, ils vinrent me prendre pour une autre expédition : on devait, cette fois, chercher des coquilles marines. Il fallait les voir, tous dans l’eau jusqu’à la ceinture et même jusqu’au cou, plongeant comme des canards, et rapportant, à chaque