Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/104

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Indienne, nous fûmes rejoints par cinq vaisseaux naufrageurs dont les licences étaient expirées, et qui allaient les renouveler à la clef de l’Ouest. Nous résolûmes de les accompagner le lendemain matin ; et ici, je ne puis m’empêcher de dire quelques mots de ces fameux naufrageurs, tant capitaines qu’équipages. D’après tout ce que j’avais entendu dire, je m’attendais à trouver des vaisseaux malpropres, sentant la piraterie, commandés et manœuvrés par une bande de noirs et barbus coquins dont les regards même dénotaient les instincts sanguinaires. Je fus agréablement surpris de voir de beaux sloops, de spacieux schooners, des clippers parfaitement construits, les uns et les autres dans le meilleur ordre. Les capitaines étaient, pour la plupart, pleins de jovialité, comme de gais fils de Neptune ; chez eux, la bonne humeur s’alliait à une disposition hospitalière et polie, et au désir d’être de toute façon serviables aux navires qui montaient ou descendaient en vue des récifs. Quant aux matelots, très proprement mis, ils portaient sur leur figure un air de franchise, et, pour tout dire, d’honnêtes gens.

» Le 13, à l’heure indiquée, nous mîmes tous ensemble à la voile, c’est-à-dire les cinq naufrageurs et le schooner Jane ; mais comme notre vaisseau n’était pas très bon marcheur, nous acceptâmes l’invitation d’aller à bord d’un des autres. La flotte leva l’ancre à huit heures du matin ; le vent était léger, mais bon, la mer unie et la journée superbe. Je manque véritablement de termes pour exprimer le plaisir et la satis-