Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/141

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des grenouilles ; mais je ne leur ai jamais vu prendre de poissons.

Bayou-Sara, 12 avril 1822. — Toutes les Grues ont quitté les champs, pour gagner les marais et les lacs de l’intérieur. J’en ai vu quelques-unes prendre de jeunes grenouilles mugissantes, des lézards et des serpents d’eau, et jusqu’à de jeunes alligators. L’une d’elles a même attaqué une tortue qui, cependant, est parvenue à s’échapper. L’Ibis des bois ne va pas avec ces oiseaux, qui le chassent et le poursuivent dans l’eau jusqu’au ventre.

16 avril. — J’ai vu neuf de ces Grues, adultes et dans toute la beauté de leur plumage ; elles étaient autour d’un tronc d’arbre couché par terre, à environ 20 mètres de l’eau, et fort occupées à détruire une bande de jeunes alligators qui, probablement, avaient cherché à se sauver en se cachant sous la souche. J’ai tiré dessus, mais sans beaucoup d’effet, car elles se sont toutes envolées ; cependant je crois en avoir blessé deux. Auprès de la souche, j’ai trouvé plusieurs jeunes alligators de 7 à 8 pouces de long, et dont le crâne était brisé d’un seul coup de bec ; ceci me donne à penser que ces oiseaux font un grand massacre d’animaux avant d’en manger aucun, comme nous avons vu que c’était la coutume de l’Ibis des bois. Cette après-midi, j’ai vu quatre jeunes Grues qui labouraient la terre, en cherchant des écrevisses. L’une a pris un papillon qui voltigeait près d’elle et l’a de suite avalé.

Du reste, ces oiseaux ne cherchent leur nourriture que pendant le jour, et de temps à autre, ils mangent