Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/145

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secours. Le maudit oiseau ne cessait cependant de me lancer des regards furieux ; entré lui-même dans l’eau jusqu’au ventre, et seulement à quelques pas de moi, il m’adressait de là de grands coups de bec, et ne quitta la place que quand il vit approcher les rameurs. Vous vous imaginez sans peine combien ma triste position dut leur donner à rire. Néanmoins la bataille fut bientôt terminée ; un ou deux coups d’aviron sur la tête me débarrassèrent de mon antagoniste à plumes, et sans autre encombre, nous pûmes l’emporter à bord.

Durant mon séjour aux Florides, je ne vis qu’un petit nombre de ces oiseaux vivants ; mais on m’en montra beaucoup que des Espagnols et des Indiens avaient tués pour leur chair et leurs belles plumes dont on fait des éventails et des chasse-mouches. L’hiver, il n’en reste aucun dans ces contrées ; et Will. Bartram, qui dit le contraire, doit avoir confondu cette espèce avec l’Ibis des bois.

Les jeunes sont beaucoup plus nombreux que les adultes, et c’est cette particularité qui probablement a fait croire à certains naturalistes que les premiers constituaient une espèce distincte à laquelle ils ont donné le nom de Grue du Canada.

Suivant les circonstances, ces oiseaux passent la nuit tout simplement par terre, ou se perchent sur de grands arbres. Dans ce dernier cas, ils quittent les lieux où ils cherchaient leur nourriture, environ une heure avant le coucher du soleil, et se retirent en silence dans l’intérieur des forêts où ils choisissent les arbres les plus élevés pour se poser, d’ordinaire à six ou sept, sur la