Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/154

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Maintenant, regardez : l’infatigable Kentuckien est sur pied ; ses garçons et l’étranger se disposent à le suivre. Tous les fusils sont mis en réquisition. Le brave homme ouvre sa porte que ferme un loquet de bois, et pousse dans sa corne un beuglement à épouvanter un loup. Les ratons détalent grand train, abandonnant les champs de blé ; ils traversent en toute hâte les sentiers, et courent se cacher dans l’épaisseur de la forêt. Le chasseur prend une hache sur un tas de bois, et rentre en criant que la nuit est claire et que nous ferons une superbe partie. Il souffle dans sa carabine, pour s’assurer qu’il n’y a rien, examine sa pierre et passe une plume dans la lumière. Sa poire à poudre est attachée à un sac de cuir où tient aussi son couteau ; en dessous pend une étroite bande de toile filée à la maison. Il prend une balle dans le sac, arrache avec ses dents le bouchon de bois de la poire, met la balle dans le creux de sa main, et avec l’autre, verse de la poudre dessus, juste assez pour qu’elle en soit couverte ; puis, le bouchon replacé de la même manière, il introduit la poudre dans le tube, frappe la crosse contre terre, graisse la bourre avec du suif, et la met sur le bout du canon dont l’intérieur est cannelé ; alors, il pose la balle à l’entrée, par-dessus la bourre, et la presse avec le manche de son couteau qui ramène en dedans les bords de la toile dont il l’a enveloppée ; enfin, tenant à deux mains sa baguette de noyer, il pousse doucement le tout en place. Une fois, deux fois, trois fois la baguette élastique a rebondi ; le chasseur relève son arme, la plume est retirée de la lumière,