Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/162

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montra du doigt une petite île sur laquelle il m’assura que se retiraient, en cette saison, des milliers d’oiseaux qu’il désignait sous le nom d’Hirondelles de mer blanches et noires ; et là-bas, sur cet îlot, ajouta-t-il, abondent d’autres oiseaux qu’on appelle noddies ou fous, à cause de l’habitude qu’ils ont de s’abattre, le soir, sur les vergues des vaisseaux et de s’y endormir. Il racontait que l’une et l’autre espèce se tenait par millions, chacune dans son domaine respectif ; que les œufs de la première reposaient sur le sable, à l’abri des broussailles, et que leurs nids se touchaient presque, tandis que les nids de la seconde, non moins près l’un de l’autre, étaient établis sur les buissons mêmes de l’île qu’ils s’étaient exclusivement assignée. Au reste, dit-il, avant que nous ayons jeté l’ancre, vous en verrez se lever des essaims semblables à ceux des abeilles qu’on a troublées, et leurs cris vous assourdiront.

Vous comprenez combien ses paroles durent exciter ma curiosité. Impatient de contempler la scène de mes propres yeux, je demandai qu’on me mît à terre sur l’île. — Mon cher monsieur, me répondit le brave officier, vous serez bientôt fatigué de leur nombre et du bruit qu’ils font, et croyez-moi, vous aurez beaucoup plus de plaisir à prendre des boubies. Cependant, après avoir couru plusieurs bordées, nous parvînmes à nous diriger à travers ce labyrinthe de canaux si dangereux qui conduisent au petit port dont j’ai fait mention, et dans lequel on se mit en devoir de laisser tomber l’ancre. Au seul bruit de la chaîne grinçant sur le cabestan, je vis une masse sombre, pareille à un gros