Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/166

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tres substances grasses que nous prenions plaisir à lui jeter par-dessus le bord.

Je dois noter ici une autre particularité de mœurs relative aux deux espèces dont je parle plus spécialement : c’est que le St. stolida ou noddi, se construit toujours un nid sur des branches ou des buissons, où il se pose avec autant de facilité que la grive ou la corneille ; tandis qu’au contraire, le Sterne fuligineux ne fait jamais de nid d’aucune sorte, mais pond simplement dans un petit enfoncement qu’il a creusé dans le sable, sous un arbre. — Revenons maintenant à l’île aux oiseaux.

De bonne heure, le lendemain, j’étais à terre pour y compléter mes observations. Je ne faisais nulle attention aux cris lamentables des Sternes, moins perçants toutefois, à présent que je ne songeais plus à les tourmenter. Je m’assis sur le sable entièrement composé de débris de coquillages, et y restai sans faire un mouvement pendant plusieurs heures. Les oiseaux rassurés, venaient se poser à quelques mètres de moi, de sorte que je pouvais parfaitement voir combien il en coûtait de peines et d’efforts aux jeunes femelles pour parvenir à pondre. Leur bec ouvert, les palpitations de leurs flancs indiquaient l’excès de leurs souffrances ; mais aussitôt que l’œuf était expulsé, elles partaient en marchant lentement et d’une manière gauche, jusqu’à ce qu’elles eussent trouvé une place libre d’où il leur fût possible de s’envoler, sans se heurter aux broussailles qui les entouraient. À tous moments, des femelles ayant complété le nombre de leurs œufs, s’abattaient devant moi, et