Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/170

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chercheurs d’œufs qui étaient espagnols et venaient de la Havane. Ils avaient déjà une cargaison d’environ huit tonnes remplies des œufs de ce Sterne et de ceux du noddi. Je leur demandai quel pouvait en être le nombre ; mais ils me répondirent qu’ils ne les comptaient jamais, même en les vendant, et qu’ils les donnaient à raison de 75 cents par gallon. En un seul marché, ils se faisaient quelquefois deux cents dollars, et il ne leur fallait qu’une semaine pour aller, et revenir compléter un nouveau chargement. D’autres chercheurs, qui viennent de la Clef de l’ouest, vendent leurs œufs douze cents et demi la douzaine ; mais, en quelque lieu qu’on les transporte, il ne faut pas tarder à s’en défaire et à les manger, car ils se gâtent en quelques semaines.

Je trouve consignée, dans mon journal, la note suivante : Il semble qu’à une certaine époque, qui ne doit pas être fort reculée, le noddi ait formé le dessein de s’approprier le domaine de ses voisins. Du moins, en explorant cette île, ai-je vu des milliers de nids que cet oiseau avait bâtis sur des buissons, bien qu’actuellement il ne s’y rencontre plus aucun individu de cette même espèce. Il est donc probable que si une entreprise de cette nature fût tentée par les noddis, ils se virent défaits et contraints de se confiner dans les autres îles environnantes, où effectivement ils nichent à part, bien qu’éloignés de leurs rivaux seulement de quelques milles. Au reste, de telles prétentions et de tels conflits ne sont pas rares entre diverses espèces d’oiseaux ; d’autres personnes ont souvent remarqué le fait, et moi