Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/172

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beaucoup de fond. Il n’avait jamais été ferré, et, bien que surmené dans un long voyage qu’il venait de faire, ses noirs sabots n’étaient nullement endommagés. Sa couleur tirait sur le bai ; les jambes, d’une teinte plus foncée, se rembrunissaient peu à peu, jusqu’à devenir par en bas presque noires. Je m’informai du prix qu’il pouvait valoir chez les Indiens osages, et le propriétaire actuel me répondit qu’attendu que l’animal n’était âgé que de quatre ans, il lui avait fallu donner pour l’avoir, avec le bois de la selle et le harnais en peau de buffle, divers articles équivalant à environ trente-cinq dollars. Il ajouta qu’il n’en avait jamais monté de meilleur ; et ne doutait pas que, bien nourri, il ne fît faire pendant un mois, à son homme, de 35 à 40 milles par jour ; du moins, c’était de ce train que lui-même il avait voyagé, sans lui laisser prendre d’autre nourriture que l’herbe des prairies et les roseaux des basses terres. Seulement, après avoir traversé le Mississipi à Natchez, il lui avait donné du blé. Maintenant, dit-il, que j’ai fini mon voyage, je n’en ai plus besoin et je voudrais le vendre. Je pense qu’il vous conviendrait pour un bon cheval de chasse ; il porte très doux, ne se fatigue pas et est ardent comme je n’en ai guère vu. Je cherchais précisément un cheval ayant les qualités qu’il me vantait dans le sien, et je lui demandai si je pourrais l’essayer. — L’essayer, monsieur, mais très bien ! et si vous voulez le nourrir et le soigner, libre à vous de le garder un mois. En conséquence, je fis mettre le cheval à l’écurie et me chargeai de sa nourriture.