Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/186

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forme ce léger panache, et ce n’est qu’à la fin de l’hiver suivant qu’elles repoussent ; mais alors elles atteignent toute leur longueur en quelques semaines.

Leur vol est ferme, plutôt lent que vif et souvent très prolongé. Ils se dirigent en avant par des battements d’ailes réguliers, et, de même que les vrais Hérons, retirent leur tête entre les épaules, tandis que leurs jambes s’étendent derrière eux, et que leur queue forme une sorte de gouvernail. Quand ils sont alarmés, ils montent droit dans les airs, où ils planent quelque temps à une grande hauteur. C’est aussi ce qu’ils font avant de descendre pour chercher leur nourriture ; mais ils ont soin, pour plus de sûreté, de s’abattre préalablement sur le sommet des arbres voisins, et de promener de là un regard attentif aux alentours. Leurs migrations s’accomplissent de nuit, et leur passage est annoncé par des cris rauques et retentissants, assez semblables à la syllabe qua, et qu’ils émettent par intervalles réguliers. Ils semblent alors voler plus rapidement que de coutume.

Par terre, la démarche de cet oiseau ne rappelle en rien la grâce qui distingue celle des vrais Hérons : il s’en va, baissant le dos, le cou rentré, guettant sa proie ; mais du moment qu’il l’aperçoit, par un mouvement subit, il darde son bec avec force et s’en empare. On ne le voit jamais, comme les premiers, attendre, immobile, quelque bonne aubaine ; mais il est constamment en quête pour se procurer de quoi vivre. Il explore habituellement le bord des fossés, les prairies, les rives ombragées des criques, des étangs et des rivières ; il