Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/187

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fréquente aussi les grands marais salés, et les bancs de vase que les eaux laissent à découvert en se retirant. J’en ai même remarqué qui, vers le soir, venaient se poser sur les étangs, jusque dans les faubourgs de Charleston, où ils cherchaient tranquillement leur nourriture. Dans ces différents cas, sauf pourtant le dernier, on peut voir ces oiseaux, quelquefois le jour, mais surtout le soir et le matin, s’avancer à gué dans l’eau, jusqu’à mi-jambe. Leur nourriture se compose de poissons, crevettes, grenouilles, lézards aquatiques, sangsues, petits crustacés de toute sorte, d’insectes d’eau, et même de souris dont ils semblent s’accommoder aussi bien que de tout le reste. Une fois rassasiés, ils se retirent sur de grands arbres, soit au bord d’un ruisseau, soit dans l’intérieur de quelques marais, et là ils se tiennent des heures entières, ordinairement sur une seule jambe, digérant et sommeillant, mais sans être tout à fait endormis.

Quand l’un d’eux se sent blessé, il cherche d’abord à se dérober parmi les herbes et les broussailles, où il se foule dès qu’il a trouvé une bonne cachette. Au contraire, lorsqu’il croit n’avoir aucun moyen de fuir, il s’arrête, redresse son aigrette, hérisse ses plumes et se prépare à la défense, en ouvrant son long bec dont parfois il administre de rudes coups ; mais il fait encore bien plus de mal avec ses griffes. Si vous mettez la main dessus, il pousse un cri fort, rauque et continu, et cherche, à tous moments, à s’échapper.

Le Bihoreau change de plumage trois années de suite, avant d’atteindre son état parfait. Cependant,