Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/190

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bérance de ses transports ; le laboureur s’était remis, le cœur content, à ses paisibles travaux, et moi-même, étranger sur une terre lointaine, je pouvais jouir de tout ce qui m’entourait, car je m’étais fait des amis affables et bons, et je comptais sur la durée de leur affection. Mes espérances n’ont point été déçues.

Bewick avait été instruit de mon arrivée à Newcastle, et avant même que j’eusse pu profiter d’une occasion pour aller le voir, il m’envoya son fils avec le billet suivant : « Thomas Bewick présente ses compliments à M. Audubon ; il sera flatté d’avoir aujourd’hui l’honneur de sa compagnie, et l’attend à six heures, pour prendre le thé. » Ces quelques mots peignaient l’homme : simple et franc ; et comme mes travaux se trouvaient terminés pour la journée, je suivis son fils.

Je n’avais encore qu’à peine aperçu la ville, n’étant pas passé de l’autre côté de la rivière. Le premier monument remarquable qui attira mes regards, fut une belle église que mon compagnon me dit être Saint-Nicolas. En traversant la Tyne sur un pont de pierre de plusieurs arches, j’aperçus, le long des quais, un nombre considérable de navires, parmi lesquels j’en distinguai quelques-uns de construction américaine. La vue, sur l’un et l’autre bord, me parut très agréable ; le terrain, onduleux, offrait une variété de maisons, de moulins à vent et de verreries qui plaisait à l’œil ; et sur l’eau, glissaient ou s’avançaient, poussés par de longues rames, plusieurs bateaux d’une forme singulière, pesamment chargés des produits souterrains des montagnes voisines.