Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/203

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chaque saison. Tant que dure l’incubation, les oiseaux ne s’éloignent jamais pour longtemps de leurs œufs ; le mâle couve aussi bien que la femelle, et tandis que l’un d’eux est sur le nid, l’autre a soin de ne le laisser manquer de rien. La première semaine, les parents dégorgent la nourriture dans le bec des jeunes ; mais quand ceux-ci sont devenus un peu grands, ils se contentent de la déposer devant eux. À l’approche de l’homme, on les voit fuir en toute hâte et tâcher de gagner quelque cachette, ou le rocher voisin sous le rebord duquel ils se tapissent. Au bout de cinq ou six semaines, ils peuvent s’échapper à l’eau, où ils nagent légèrement et avec beaucoup d’aisance. Si on met la main dessus, ils crient de la même manière que leurs parents. Le 18 juin, nous en prîmes plusieurs que nous lâchâmes sur le pont du Ripley, où ils marchaient sans aucune gêne et ramassaient les aliments qu’on leur jetait. Aussitôt que l’un d’eux allait pour engloutir sa portion, un autre courait dessus, saisissait le morceau, tiraillait de son côté, et s’il était le plus fort, l’emportait dans un coin et l’avalait. Le 23 du même mois, deux autres individus, âgés de quelques semaines, et ayant déjà une partie de leurs plumes, furent aussi apportés à bord. Leurs cris, quoique faibles encore, ressemblaient exactement à ceux de leurs parents. Ils mangeaient goulûment tout ce qu’on leur présentait. Quand ils étaient fatigués, ils se reposaient sur leurs tarses, qu’ils allongeaient en avant par terre, comme font tous les hérons, et restaient plus ou moins de temps dans cette singulière posture. Un mois ne s’était pas