Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’ils couvaient, nous ne parvînmes jamais à en tuer près du nid. Une seule femelle essaya de porter secours à ses petits, et fut tuée en volant, par extraordinaire, non loin de nous. On n’a chance de les surprendre que lorsqu’il fait grand vent, car alors ils rasent les sommets des plus hauts rochers, où nous avions la précaution de nous cacher pour les attendre. Dès que nous approchions des îles où ils nichent au milieu des écueils, semblant deviner nos intentions, ils abandonnaient la place, et quand nous nous en revenions, nous suivaient à plus d’un mille, en jappant et poussant de grands cris.

La mue commence pour eux dès les premiers jours de juillet ; de bonne heure, en août, on voit les jeunes chercher la nourriture pour leur propre compte, et même très loin des parents. Le 12 du même mois, ils avaient tous quitté le Labrador. Nous les retrouvâmes plus tard, le long des côtes de Terre-Neuve, dans le golfe Saint-Laurent et sur les baies de la Nouvelle-Écosse. — La chair des vieux est coriace et très mauvaise ; leurs plumes sont élastiques et bonnes pour faire des coussins, des oreillers et autres choses semblables ; mais rarement peut-on en récolter une quantité suffisante.

Cet oiseau doit jouir d’une longévité extraordinaire, puisque j’en ai vu qu’on gardait en captivité depuis plus de cinquante ans. Je dois à mon savant ami le docteur Neil, d’Édimbourg, le rapport intéressant que voici, sur les habitudes d’un individu de cette espèce qu’il avait apprivoisé :