Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/231

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Quand ils ont une semaine, les petits sont d’un gris de souris foncé, et chaudement recouverts d’un duvet doux et épais. Leurs pieds à cet âge paraissaient proportionnellement très grands et forts. Vers le 20 juillet ils étaient tous éclos et croissaient rapidement. Ils n’avaient encore qu’une quinzaine de jours, que déjà on ne pouvait les prendre qu’avec peine, si ce n’est lorsqu’il faisait grand vent, et qu’ils abandonnaient la mer, pour se réfugier à l’abri des rochers, dans les eaux basses de quelques baies. On peut aisément les élever, pourvu cependant qu’on en ait le soin convenable. Ils s’apprivoisent très bien et s’attachent au lieu spécial qu’on a réservé pour eux. Un pêcheur d’East-Port, qui en avait apporté huit ou dix du Labrador, les garda plusieurs années dans une cour, tout près de la baie sur laquelle, quand ils furent devenus grands, ils se rendaient chaque jour, en compagnie de canards ordinaires, ne manquaient jamais de revenir à terre, tous les soirs. Différentes personnes qui les avaient vus, m’ont assuré qu’ils étaient aussi familiers que les canards eux-mêmes ; que moins agiles sur terre, en revanche ils nageaient beaucoup mieux, et que sur l’eau leurs mouvements avaient plus de grâce. Ils restèrent ainsi en demi-captivité, jusqu’à ce que les mâles eussent revêtu toutes leurs plumes et se fussent accouplés ; mais un jour ils furent tués presque tous par des chasseurs qui les avaient pris pour des oiseaux sauvages, bien qu’on leur eût coupé le bout de l’aile, et qu’aucun ne pût s’envoler. Je ne fais pas de doute que cette espèce, si on parvenait à la domestiquer, ne fût une excellente acquisi-