Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/246

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gîte que vous cherchez. Mes compagnons m’attendaient en se réchauffant au feu de chaudières à sel. Le singulier personnage que je venais de voir n’était rien moins qu’un inspecteur. Il nous fallut traverser plus d’une crique avant d’apercevoir la bienheureuse hôtellerie ; le pays était montueux, le sol argileux et glissant ; S… jurait, Rose ne faisait plus que clopiner, mais Victor se conduisait comme un vétéran.

Encore un jour, cher lecteur, et pour un moment, du moins, je fermerai mon journal. La matinée du 21 fut belle ; nous avions bien dormi à Sugg, et ne tardâmes pas à entrer dans des landes de pins d’un aspect assez agréable, avec une bonne route devant nous. Rose et S… se trouvaient réduits à un tel état, qu’ils nous proposèrent de nous laisser aller sans eux. Nous fîmes halte pour délibérer un instant là-dessus ; mais leur parti était pris ; ils voulaient continuer d’un train plus modéré : en conséquence, nous dûmes leur dire adieu. Je demandai à mon fils comment il se trouvait : — Il se mit à sourire et doubla le pas ! bientôt nos anciens compagnons disparurent à notre vue. Environ deux heures après, nous étions assis sur le bac de la Rivière verte, nos jambes pendant au frais dans l’eau. À Smith’s Ferry, la rivière prend l’aspect d’un lac profond : les grands roseaux de ses bords, les saules touffus qui l’ombragent, le vert foncé de ses ondes, forment un tableau remarquable en toute saison, mais particulièrement dans le calme d’une soirée d’automne. M. Smith nous donna un bon souper, accompagné d’un cidre pétillant, et d’un lit confortable ; et de plus, il fut