Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/254

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en s’envolant, pour gagner au plus vite l’entrée du détroit. Je ne trouvai que quelques nids sur les mangliers ; et quant à ce lieu de rendez-vous, il me semblait ne pouvoir être mieux comparé qu’au champ clos où les gélinottes cupido viennent célébrer leurs amours et vider leurs querelles ; à cela près que, parmi les Cormorans, il n’y avait pas eu de bataille en ma présence. Plusieurs beaux hérons se tenaient paisiblement sur leurs œufs, les moustiques bourdonnaient dans l’air, de gros vilains crabes de terre, à la carapace bleue, rampaient sous les mangliers, en se hâtant de regagner leurs retraites ; et moi aussi, je me retirai comme j’étais venu, sans faire de bruit. Mais en me retournant, je pensais avec admiration à cet instinct si sûr des poissons qui, dès qu’ils avaient soupçonné la présence des Cormorans, s’étaient bien gardés d’aller plus loin, connaissant le danger, et plutôt avaient préféré venir à ma rencontre, tandis que je marchais vers les oiseaux. Enfin, je sortis de l’eau, accablé de chaleur, les yeux cuisants et les paupières fortement irritées. Mais il soufflait une petite brise de mer qui me rafraîchit et calma ma fièvre ; et je remerciai Dieu, comme je le fais encore en ce moment, d’avoir pu sortir sain et sauf de tant d’expéditions si aventureuses.

Le nid du Cormoran de la Floride est relativement petit, puisqu’il n’a que huit à neuf pouces de diamètre. Il est formé de bûchettes entre-croisées, plat et mal fini. On les trouve presque tous à l’exposition du couchant ; et d’ordinaire ils paraissent entièrement couverts d’excréments ainsi que les œufs, qui sont au