Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelques semaines que je passai sur le Saint-Jean, à bord du schooner de guerre le Spark, je fus surpris de les voir en foule regagner déjà les îles ; et je ne doute pas que si, dans de pareilles circonstances, j’eusse été le premier à découvrir cette rivière, elle n’eût reçu de moi le nom de rivière des Cormorans. Tandis que nous étions à l’ancre, vers son embouchure, ils passaient près de nous, presque continuellement, sur une seule file ; et, quand ils avaient atteint la mer, partaient dans la direction du sud, en longeant le rivage.

Au mois d’octobre, sur le Mississipi, quand la température est beaucoup plus basse que dans les Florides, ils aiment à se tenir dans la posture inclinée qui leur est habituelle, sur les trains de bois et les troncs flottants où ils semblent se reposer (du moins, c’est ce que j’observai dans l’automne de 1820), ou bien sur les branches sèches des arbres au bord de l’eau. Quand le ciel était sombre, ils montaient haut dans les airs, planaient quelque temps en larges cercles ; après quoi, sans redescendre et comme sentant que le froid n’était pas loin, ils suivaient rapidement et en longues lignes les sinuosités du fleuve. Lorsqu’ils tournoient, comme je viens de le dire, à une grande élévation, ils poussent fréquemment des cris qui ressemblent à ceux du corbeau. Si l’on cherche à s’en approcher, tandis qu’ils sont perchés sur un pieu ou un tronc d’arbre, ils ne s’envolent pas tout d’abord, bien qu’élevés de plusieurs pieds au-dessus de l’eau, mais commencent par plonger dans le courant, reparaissent instantanément à la surface, rament avec leurs pieds, battent l’eau de leurs