Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/257

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ailes ; et ce n’est qu’après avoir ainsi fait vingt ou trente mètres, qu’ils se décident enfin à prendre l’essor. De temps à autre, quand le froid est arrivé subitement pendant la nuit, on les voit au petit matin gagner les hautes régions de l’atmosphère où ils s’arrangent sur doubles files formant un angle, et partent à tire d’aile pour le sud.

Sur les courants d’eau douce, ils se plaisent à pêcher dans les remous ; et à mesure que l’un se dépeuple, ou leur semble mal garni, ils s’envolent en rasant la surface, pour en chercher un autre. Mais dans les lacs de l’intérieur des Florides, ils pêchent indifféremment là où ils se trouvent ; et de même autour des îles, ainsi que sur les baies et les détroits de la côte. Par un beau temps, quand le soleil verse des flots de chaleur et de lumière, ils choisissent quelque banc de sable bien aéré, tantôt une île couverte de rochers, où ils passent ensemble des heures entières à s’étirer les ailes et à se réchauffer, comme font souvent les pélicans et les vautours.

Le Cormoran de la Floride, ainsi que plusieurs autres espèces que je connais, nage parfaitement sous l’eau et plonge avec une grande facilité ; de sorte que c’est peine perdue que de le suivre après qu’il a reçu un coup de fusil, à moins qu’il ne soit grièvement blessé. En voyant approcher l’ennemi, il se met à battre l’eau de ses ailes, comme en se jouant, ou comme il a coutume de faire, quand il se baigne élève un instant ses deux ailes, rame en donnant de vigoureux coups de patte et puis s’envole. Sur un lac, il aime mieux plonger