Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/268

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poursuivis et qu’il souffle une bonne brise, alors ils s’enlèvent très facilement de dessus l’eau, et volent à des centaines de mètres, sans paraître fatigués. En décembre et janvier, je n’en ai jamais vu qui eussent gardé la moindre trace de crête ; tandis qu’en mars, lors de leur retour vers le Nord, les longues plumes commencent à leur repousser sur la tête. Il faut, je crois, quinze jours ou trois semaines, pour que ces touffes aient acquis leur entier développement ; et ce changement s’accomplit plus tôt chez les vieux que chez les jeunes, dont quelques-uns quittent le Sud portant encore leur livrée d’hiver.

Sur terre, le Grèbe cornu ne fait pas meilleure contenance que le Grèbe de la Caroline, car, de même que ce dernier, il est obligé de s’y tenir presque droit, appuyé sur le derrière, les tarses et les doigts étendus latéralement. Il plonge en un clin d’œil, et une fois qu’il a connu les effets du fusil, on n’a plus guère chance de l’approcher. Souvent au seul bruit de la détonation les vieux disparaissent sous l’eau, bien qu’étant déjà hors de toute atteinte. Les jeunes, pour la première fois, s’y laissent prendre plus aisément ; mais le moyen le plus sûr de s’en procurer, c’est de se servir de filets de pêcheur, dans les mailles desquels ils s’embarrassent.

Sauf une espèce de faucon tenant de près au circus cyaneus[1], je ne connais pas d’oiseau qui ait les yeux de la couleur de ceux du Grèbe cornu. L’iris est exté-

  1. L’oiseau Saint-Martin.