Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/301

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le coin de la pièce, il y avait un chat, à la même hauteur, au-dessus du parquet, que la surface de la boue qui remplissait le tube. La Bécasse l’aperçut et au même instant retira son bec, fouetta de la queue, sauta sur le plancher et s’enfuit en courant à l’autre extrémité de la chambre. Dans une autre occasion, ayant placé le chat, au-dessus du niveau de l’oiseau, de toute la hauteur du tube qui avait au moins un pied, j’obtins le même résultat, et j’en conclus encore que la position élevée des yeux, chez la Bécasse, a probablement pour objet de lui permettre de découvrir au loin ses ennemis, de surveiller leur approche pendant que son bec travaille, et non de protéger cet organe contre la vase ; d’autant moins que c’est un oiseau toujours très propre, et que jamais on ne lui voit de terre sur les plumes voisines du bec.

Quel plaisir, quand on est bien fatigué et qu’on a grand’faim, quand les habits sont couverts de boue et tout trempés, quel plaisir de rentrer chez soi, la gibecière garnie de Bécasses, et de se voir accueilli par le doux sourire de ceux qu’on aime ! Vous vous dites, en vous séchant, que sur la petite table ronde déjà couverte va bientôt fumer un mets délicat et succulent dont la perspective aiguise l’appétit. Enfin, établi devant le foyer, vous vous asseyez au milieu de la joyeuse famille ; et l’une de vos filles, accorte et prévenante, apporte sans retard le fameux oiseau si blanc, si tendre, et qui nage si magnifiquement dans un jus savoureux. Un cruchon de cidre de Newark[1] pétille

  1. Newark, ville de l’État d’Ohio.