Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/302

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sous votre main ; et sans fourchette ni couteau, une Bécasse est bientôt expédiée… ! Ah ! lecteur, ou plutôt hélas ! car je ne suis pas pour le moment dans les Jerseys, en compagnie d’Édouard Harris, ou sous le toit hospitalier de John Bachman. Non ! je suis à Édimbourg, m’escrimant de mon mieux de ma plume de fer, et sans la moindre Bécasse en perspective pour mon dîner, ni d’aujourd’hui, ni de demain que je sache, ni de plusieurs mois, je m’imagine.




UN LONG CALME EN MER.


Le 26 mai 1826, je quittai la Nouvelle-Orléans, à bord du vaisseau le Délos, commandé par Joseph Hatch esquire, et frété pour Liverpool. Le vapeur Hercules, qui nous remorquait, nous laissa à quelques milles au delà du fort Balize[1], environ dix heures après notre départ. Mais il n’y avait pas le moindre souffle de vent ; la surface de la mer était plus unie que les prairies de l’Oppelousas, et bien que nous eussions déployé toutes nos voiles, nous restions sans avancer sur les ondes, comme une baleine morte qui flotte à la merci des courants. Le temps était extraordinairement beau, la cha-

  1. Balize, à trente lieues S.-O. de la Nouvelle-Orléans.