Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/320

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traite pas mieux le busard des dindons, plus vorace qu’eux ! Quant à cette croyance où l’on est que la Frégate force les pélicans et les boubies à lui dégorger leur proie, je puis assurer que c’est une erreur. Le pélican, s’il se voyait attaqué ou poursuivi, n’aurait qu’à se poser sur l’eau ou partout ailleurs, et d’un seul coup de son bec puissant et acéré, il mettrait à la raison le téméraire agresseur. Pour la boubie, non moins fortement armée, elle obtiendrait, je n’en doute pas, le même succès. Le sterne de Cayenne et autres espèces de ce genre, ainsi que plusieurs petites mouettes, qui tous abondent sur les côtes de la Floride, leur servent ordinairement de pourvoyeurs. Les Frégates les contraignent de rendre gorge ou de laisser tomber leur proie. Ceux des habitants de la mer qui chassent pour elles sont les dauphins, les marsouins et, par occasion, le requin. Leur vue est extraordinairement perçante : et parfois elles se précipitent d’une grande hauteur, pour ramasser sur l’eau un poisson mort, long de quelques pouces. Leur chair est coriace, noire, et j’estime qu’il n’y a qu’un estomac mourant de faim qui puisse s’en accommoder.