Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/324

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nos rivières ; toutefois, dès l’instant que le vaisseau s’arrêtait, elles se dispersaient le long de ses flancs et ne voulaient plus mordre. J’en dessinai une ; et c’est ce que j’ai toujours tâché de faire pour les autres espèces que j’ai pu me procurer, durant ce calme mortel. Mais je ne me rappelle pas avoir jamais rencontré de ces perches, en traversant l’Atlantique, bien qu’en haute mer, diverses sortes de poissons viennent également s’attacher à la poupe des navires et soient désignées par le même nom.

Une autre fois nous prîmes un marsouin qui avait bien deux mètres de long. C’était la nuit ; un beau clair de lune me permettait de voir parfaitement la scène. Contrairement à ce qui se pratiquait d’habitude, le poisson fut piqué, au lieu d’être harponné ; mais les pointes s’étaient enfoncées d’une telle force dans le devant de la tête, qu’il lui était impossible de se détacher : en vain il se débattait et faisait des bonds prodigieux. L’individu qui l’avait frappé, passant au capitaine la ligne où tenait le fer, se laissa glisser au moyen d’une corde le long des sous-barbes du beaupré, et manœuvra de façon à le prendre par la queue. Quelques matelots alors le hissèrent à bord. En arrivant sur le pont, il poussa un profond gémissement, s’agita convulsivement à plusieurs reprises, et bientôt rendit le dernier soupir. Nous l’ouvrîmes le lendemain matin, huit heures après sa mort, et lui trouvâmes les intestins encore chauds ; ils étaient disposés de la même manière que ceux d’un cochon de lait. Il avait dans le ventre plusieurs seiches en partie digérées. Sa mâ-