Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/338

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plusieurs fois sur le point de lui envoyer un coup de fusil. Pourtant, étant parvenu à le prendre on lui attacha solidement le bec et les pattes, et on l’expédia à la clef Indienne, pour le mettre avec ceux de sa parenté. Dès que ces derniers l’aperçurent, ils coururent à lui, en ouvrant le bec, et lui firent l’accueil le plus amical, ne cessant de le caresser et frottant leur tête contre la sienne d’une façon très divertissante. On plaça devant eux un baquet plein de poissons, qu’ils eurent avalés en deux ou trois minutes. Il suffit de quelques jours pour les habituer à manger des morceaux de porc frais, du fromage, et autres substances.

En naviguant autour des îles nombreuses qui se trouvent entre la clef Indienne et la clef de l’Ouest, je vis plusieurs oiseaux de cette même espèce, quelques-uns seuls, d’autres par couples ou rassemblés en troupes plus ou moins considérables ; mais je ne pus jamais en approcher à portée. M. Egan, pour me consoler, me dit qu’au delà de la clef de l’Ouest, il connaissait certains endroits où, si nous voulions y consacrer un jour et une nuit, nous serions sûrs d’en tuer et plus d’un. Le docteur B. Strobel me répéta la même chose ; et de fait, en moins de huit jours, nous nous en procurâmes plus d’une douzaine de différents âges, aussi bien que des œufs et des nids ; de sorte que les mœurs de ces oiseaux purent être étudiées avec tout le soin convenable par plusieurs personnes de ma société.

Un matin, vers trois heures, vous nous eussiez vus M. Egan et moi, à environ huit milles de notre mouillage, pagayant en silence dans les passes étroites et