Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/343

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nous n’avions pas fait trop mauvaise chasse ; mais dans d’autres occasions j’en tuai beaucoup plus, et jugeant désormais que j’en avais assez, je laissai les pauvres oiseaux vaquer en paix à leurs affaires.

Ces Hérons sont extrêmement farouches ; ils partaient parfois d’une distance d’un demi-mille, et fuyaient à perte de vue. Quand on les poursuit, ils reviennent aux mêmes îles et aux bancs de vase qu’ils ont quittés ; et il est tout à fait impossible d’en approcher, quand ils sont perchés, ou qu’ils se tiennent dans l’eau.

Ils résident constamment sur les clefs de la Floride et, durant la saison des œufs, s’y trouvent plus abondants que partout ailleurs. Rarement s’avancent-ils, à l’est, plus loin que le cap Floride ; on n’en voit aucun sur les Tortugas, probablement parce que ces îles ne portent pas de mangliers. Ils commencent à s’accoupler en mars, mais d’ordinaire ne pondent que vers le milieu d’avril. Leurs nids parfois sont très loin l’un de l’autre ; et bien qu’en nombre assez considérable sur la même île, ils s’y trouvent cependant moins rapprochés que ceux du grand Héron bleu. Ils ne les établissent guère qu’à quelques pieds au-dessus de la marque des plus hautes eaux, c’est-à-dire si bas, qu’ils ne sont réellement qu’un mètre ou deux plus élevés que les racines des arbres. J’en examinai de vingt à trente, que je trouvai tous placés de cette manière. Ils étaient larges, présentant près de trois pieds de diamètre, composés de bâtonnets de différente grosseur, mais sans aucune apparence de rebord, tout à fait plats et seulement épais de quelques pouces. On y compte toujours trois