Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/358

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tout à fait par terre. Il est vrai que le capitaine m’en avait averti ; mais je me disais qu’une fois sur les lieux je trouverais probablement des oiseaux tout autres que des Goëlands. Mes doutes maintenant ne pouvaient plus subsister ; et j’étais charmé de cette prévoyance qu’avait su leur enseigner l’ingénieuse nature, pour mettre leurs œufs et leurs petits à l’abri des entreprises de l’homme. Dans la suite, j’appris encore avec bien plus de plaisir, de M. Franckland, que c’était là, chez eux, une habitude acquise, ainsi qu’il avait pu personnellement le reconnaître ; « car, me dit-il, dans les premiers temps que je vins ici, il y a déjà nombre d’années, tous les Goëlands bâtissaient leur nid dans la mousse et sur la terre, sans aucune autre précaution ; mais les pêcheurs et mes fils, ravissant leurs œufs pour les besoins de l’hiver, ennuyèrent tellement ces pauvres bêtes, que les vieux songèrent, dès ce moment, à placer leurs nids sur les arbres dans les parties les plus épaisses des bois. Quant aux oiseaux plus jeunes et moins expérimentés, ce sont eux qui en ont encore quelques-uns sur le sol. Cependant ils sont redevenus tous un peu moins sauvages, depuis que j’ai défendu aux étrangers de toucher à aucun de ces nids. Quant à vous, messieurs, vous êtes les seules personnes, si j’en excepte celles de ma famille, qui, depuis plusieurs années, aient tiré un coup de fusil sur l’île Blanche-Tête ; mais je sais que vous n’en userez qu’avec discrétion : aussi êtes-vous les bienvenus ».

Je rendis un juste hommage à l’humanité de notre hôte, et le priai de me faire savoir quand tous les Goë-