Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/370

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que je projetais à travers les marais du voisinage. C’était alors, et c’est maintenant encore, je l’espère, un homme de haute stature, aux os saillants, très musculeux, avec un teint brun et des yeux perçants comme ceux de l’aigle de mer. C’était aussi un rude marcheur, se riant des difficultés et sachant manier l’aviron comme le meilleur marin. Quant au tir, je ne sais vraiment à qui donner la palme, de lui ou de M. Egan, le pilote de l’île Indienne. Ce que je puis dire, c’est que rarement je les ai vus l’un ou l’autre manquer le but.

Nous fûmes debout avec l’aube et prêts à nous mettre en route. Moi, j’avais mon fusil à deux coups en bandoulière ; mon hôte s’était armé d’une longue canardière et, en plus, de deux avirons et d’une paire de pinces pour les huîtres, tandis que sa femme et sa fille s’étaient chargées d’une seine. Le bateau était bon, la brise favorable ; et nous nous en allions naviguant ainsi sans fatigue, le long des étroites passes, vers des retraites bien connues de mes compagnons. Pour les naturalistes qui ont la faculté d’observer nombre d’objets à la fois, le grand Port aux œufs fournit un champ d’étude aussi abondant et aussi varié qu’aucune autre partie de nos côtes, si j’en excepte les clefs de la Floride. On y trouve des oiseaux de toute espèce, aussi bien que des poissons et des animaux à coquilles. Les forêts abritent une foule de plantes rares, et jusque sur les arides bancs de sable habitent des insectes aux teintes les plus brillantes. Cependant notre principal objet était de nous procurer certains oiseaux qu’on appelle ici des