Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/378

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» Dès que leurs petits sont en état de voler, les Pluviers se réunissent de nouveau par troupes, mais restent sur les marais jusqu’au commencement de l’hiver. Ce n’est qu’alors qu’ils gagnent les champs ; et quand la saison est trop rigoureuse, ils se retirent sur les terrains bas, près des bords de la mer. Pendant les longues gelées ils cherchent leur nourriture sur les sables et les rivages rocailleux, à la marée descendante ; et en général, tant que dure la mauvaise saison, ils ne s’éloignent guère de la mer.

» Quand une troupe s’abat sur un champ, les divers individus se dispersent et courent chacun de leur côté avec une grande activité, en récoltant ce qui se trouve. Il y en a de si peu farouches, qu’on peut s’en approcher à quinze mètres ; et souvent j’ai fait plusieurs fois le tour d’une de ces troupes éparpillées, pour les ramener ensemble avant de tirer. Dans les temps de vent, ils se foulent à ras de terre, et j’ai lieu de penser que d’ordinaire ils gardent cette position durant la nuit. Sur les Hébrides, j’ai été maintes fois à la chasse de ces oiseaux au clair de lune ; et je ne les trouvais pas moins occupés et moins actifs que dans le jour ; ce qui, je crois, est aussi le cas pour les bécassines. Mais rarement faisais-je capture, attendu la difficulté de bien apprécier la distance dans les ténèbres. Le nombre des Pluviers qui fréquentent, en cette saison, les pâturages sablonneux et les Hébrides sporades[1] est véritablement étonnant.

  1. Outer Hebrides. C’est l’archipel qui comprend les îles éparses et les plus éloignées de la côte d’Écosse.