Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/380

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gagnant les régions où ils veulent faire leurs nids, quelque reculées qu’elles soient vers le Nord. D’après le docteur Richardson, ils nichent dans toutes les contrées où l’on va chercher des fourrures, depuis le cinquantième parallèle jusqu’aux plus hautes latitudes septentrionales.

Tout le temps qu’il demeure dans ceux de nos États qui bordent l’Atlantique, ce Canard abonde principalement sur la baie de Chesapeake et les cours d’eau qui s’y déversent. Il n’y a pas plus d’une vingtaine d’années que ses apparitions régulières et son séjour ont été observés ou du moins signalés sur nos eaux du Sud ; cependant à la Nouvelle-Orléans, où on le désigne sous le nom de Canard-cheval, il était connu de temps immémorial, au dire des plus anciens chasseurs encore vivants ; et selon eux, c’est seulement environ depuis quinze ans, qu’il a commencé de monter, d’un prix très bas, jusqu’à deux dollars la paire, taux auquel il était rigoureusement tenu lors de mon passage en cette ville, au mois de mars 1837.

Ce renchérissement extraordinaire est dû, je crois, à la préférence marquée que lui donnent les épicuriens de nos États du centre, où on le vante avec exagération comme infiniment supérieur à tous les autres canards du monde. La plupart de nos méridionaux sont tellement engoués de cette prétendue supériorité, que plusieurs fois ils ont fait venir des provisions de ces fins Canards, de Baltimore à Charleston et même jusqu’à Savannah, en Géorgie, bien que l’espèce n’en soit pas très rare au voisinage de cette dernière ville, non plus