Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/442

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ments. Lorsqu’il avait suffisamment cherché et tournoyé, il allait reparaître à quarante ou cinquante pas. Dans les nuits chaudes, cet oiseau dort en plein air, perché sur la plus haute barre d’une clôture, et la tête ramenée sous l’aile. Par temps pluvieux, il reste souvent toute une journée dans la même posture. Il paraît très sensible au froid ; on le voit se retirer dans la cuisine, et disputer aux marmitons et aux chiens la meilleure place au coin du feu. Quand brille un rayon de soleil, il étend les ailes et la queue, hérisse ses plumes et semble tout réjoui des belles journées d’hiver. Il se promène en marchant, parfois en sautillant, et ne s’appuie jamais sur sa queue. Si on lui présente un poisson, il le saisit et l’avale goulûment ; mais quand nous n’en avions pas, nous étions bien obligés de le nourrir de viande qu’il recevait dans son bec. Il arriva deux ou trois fois qu’on le laissa plusieurs jours sans lui rien donner ; alors il devenait inquiet, turbulent, étourdissait tout le monde de ses cris continuels, et donnait de bons coups de bec aux domestiques, comme pour leur rappeler qu’ils l’oubliaient.

» Un jour, il lui prit fantaisie de s’échapper, et il s’envola sur l’étang, à près d’un quart de mille. Par hasard, des enfants se trouvaient là dans un canot ; l’oiseau s’approcha d’eux, le bec ouvert, car il était à jeun et ne trouvait rien. En se voyant poursuivis par cette drôle de bête, dont la tête ne ressemble pas mal à celle d’un serpent, les enfants eurent peur et se sauvèrent en ramant vers le bord ; mais mon oiseau les suivait toujours, et fut à terre aussi vite qu’eux. Ils prirent