Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/471

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parfois extrêmement élégant. Quand il voyage, que ce soit par bon ou mauvais temps, il effleure pour ainsi dire la surface de l’eau, en donnant de suite trente ou quarante coups d’ailes, à la manière de l’ibis et du pélican brun ; puis il parcourt à peu près le même espace en planant, les ailes à angle droit avec le corps, et le cou tendu en avant. Mais si vous voulez bien apprécier l’élégance de cet oiseau pendant ses évolutions aériennes, il vous faut aller l’observer de dessus le pont d’un de nos paquebots, lorsque le commandant vient de vous donner la bonne nouvelle que vous êtes à moins de trois cents milles des côtes, qu’il s’agisse de la joyeuse Angleterre ou de mon pays bien-aimé. De là, vous voyez l’infatigable voilier, qui déploie sa large envergure, et haut, bien haut au-dessus de l’abîme, glisse silencieusement au sein des airs, surveillant chaque flot qui roule là-bas, et voguant si gracieux et si léger, que vous vous dites en vous-même : Ah ! que n’ai-je ses ailes ! quel beau voyage de soixante à quatre-vingt-dix milles j’accomplirais en une seule heure et sans fatigue ! Mais peut-être, à l’instant même où cette réflexion vous traverse l’esprit, est-elle coupée tout court par un mouvement de l’oiseau qui, ne songeant lui qu’à se remplir l’estomac, et sans se soucier de vos rêveries, tombe comme un plomb, la tête la première sur la mer, et tient déjà le poisson que son œil perçant a découvert de si loin. Considérez-le maintenant, le pêcheur au blanc plumage : une minute il se repose sur son élément favori, mâchonnant sa proie que d’autres fois il avale du premier coup ; lorsqu’au contraire