Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/473

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tenir aucun compte de ce qu’avant moi on a pu débiter sur ce sujet.

J’ai très bien vu le Fou plonger et rester plus d’une minute sous l’eau. Une fois, notamment, j’en tuai un à l’instant où il en ressortait : il tenait un poisson entre ses mandibules et en avait deux autres à moitié descendus dans le gosier ; il peut donc suivre sa proie sous l’eau et prendre plusieurs poissons de suite. D’autres fois, j’en ai remarqué qui plongeaient au milieu d’un banc d’ammodytes[1] ; mais si légèrement, qu’à peine s’ils écumaient la surface. Pour donner la chasse aux petits poissons, ils se mettaient à nager ou même à courir sur l’eau, à l’aide de leurs ailes qu’ils portaient en avant et dont ils frappaient de droite et de gauche, jusqu’à ce qu’ils fussent rassasiés. Sur le golfe du Mexique, je blessai un de ces oiseaux qui tomba à l’eau et s’enfuit, en nageant si vite devant notre barque, que nous dûmes forcer de rames pendant un bon quart de mille, avant de pouvoir le rattraper ; et quand il nous vit près de le joindre, il fit face tout à coup, ouvrit le bec et se prépara à la défense ; mais on l’acheva d’un coup d’aviron. Si on tire les Fous, même sans les toucher, ils rendent souvent gorge, comme les vautours ; et c’est ce qu’ils font toujours étant blessés, quand ils

  1. Ammodytes tobianus. Ammodyte appât, poisson qui, soit par la forme de son corps, soit par ses mœurs, a beaucoup de ressemblance avec les Murènes. On le trouve dans le sable, où il a la faculté de se rouler en spirale, presque comme une couleuvre. Sa couleur est d’un bleu argentin, sa longueur 1 décimètre 1/2 environ. — À Dieppe, les pêcheurs le connaissent sous le nom d’Équille.