Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/480

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cette même couleur, d’autres ayant seulement la queue noire, plusieurs enfin avec des plumes toutes noires éparses sur le corps, dont la teinte était généralement blanche.

Selon moi, il n’existe pas d’oiseau qui ait si peu d’ennemis à redouter que le Fou : des diverses espèces de labbes que je connais, il n’en est pas une seule qui cherche à l’inquiéter. J’ai souvent vu la frégate pélican passer près de lui en poursuivant la proie, et jamais je n’ai remarqué qu’elle fît mine de l’insulter. D’un autre côté, les îles sur lesquelles nichent ces oiseaux au milieu des rochers, sont inaccessibles aux quadrupèdes. Les seuls animaux qui mangent leurs œufs et leurs petits sont le larus marinus et le larus glaucus[1]. On dit que le skua ou labbe calaracte donne quelquefois la chasse au Fou ; mais cette espèce ne se rencontre pas dans l’Amérique du Nord, et je l’avoue, je doute beaucoup de ce fait : car je le répète, je n’ai jamais vu de labbe s’attaquer à un oiseau aussi grand et aussi fort que lui.

Quelque temps après que les jeunes Fous se sentent capables de voler, ils partent avec tous les autres oiseaux de la même espèce, pour ne revenir que la saison suivante aux lieux où sont les nids. À Terre-Neuve, je me laissai dire que les pêcheurs anglais et français salaient de jeunes Fous pour leur provision d’hiver, ainsi qu’on fait en Écosse ; quant à moi, je n’en vis pas même un dans ce pays, et je trouve leur chair si mauvaise,

  1. Goëland à manteau noir. — Goëland bourgmestre.