Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/484

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bec, en poussant leur cri d’habitude ; ou bien ils se lèvent en manifestant un certain air de colère, mais sans paraître avoir conscience du danger. Profitant de l’absence des voisins pour dérober les matériaux de leurs nids, fréquemment ils se mettent à deux pour cette belle besogne ; et on les voit parfois tirer chacun leur bout du paquet, en essayant de se l’arracher. Ils sont constamment occupés à réparer leurs propres nids, lesquels, composés en grande partie d’herbes marines, s’affaissent en se desséchant, et finissent par se décomposer en une sorte de limon ; et quand ils sont établis trop près l’un de l’autre, ils ont entre eux de fréquentes querelles. J’en vis un saisir son camarade par le derrière du cou, et le serrer si fort que le malheureux ne faisait plus que râler ; mais en général, ils se bornent à se menacer, en ouvrant le bec et en poussant de grands cris. Ils sont si maladroits, dans leurs mouvements, qu’ils ne quittent presque jamais le nid sans en démolir une partie ; puis ils s’en vont boitant en traînant les pattes ; et encore sont-ils obligés de s’aider de leurs ailes et d’appuyer souvent par terre le ventre et la queue.

» Les petits sont d’abord couverts d’un beau duvet blanc comme neige. À l’âge de six semaines, les plumes commencent à pousser parmi ce duvet ; à deux mois, les ailes paraissent assez bien développées. Encore un mois de plus, et ils seront capables de s’envoler. Dans les premiers temps, les parents les nourrissent d’une sorte de bouillie liquide de poisson préparée dans leur estomac et leur gosier, et qu’ils leur introduisent goutte