Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/485

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à goutte dans la gorge. Quand le nourrisson commence à devenir grand, ils placent leur bec dans le sien et dégorgent le poisson comme il se trouve, soit entier, soit par morceaux ; mais ils n’en apportent jamais dans leur bec sur le rocher. — Chaque année, on tue au moins un millier de ces jeunes oiseaux, parfois on en détruit jusqu’à deux mille ; mais, en moyenne, quinze à seize cents seulement. Une fois plumés, ils se vendent de six pence à un shelling la pièce. Le prix d’un jeune, pour empailler, est de deux shellings, et celui d’un vieux, de cinq.

» Lors de ma seconde visite, en compagnie de M. Audubon (le 19 août 1835), les nids, sur beaucoup de points, avaient entièrement disparu, car c’est seulement pendant l’incubation que les oiseaux s’emploient sans relâche à les réparer. Il y avait des jeunes de toute grandeur : les uns encore tout petits et entièrement couverts de duvet blanc, la plupart ayant déjà une partie de leurs plumes avec le duvet persistant sur la tête et le cou, et quelques-uns prêts à s’envoler et ne portant plus que de légères touffes de duvet derrière le cou. Les moins avancés restaient couchés à plat sur le nid, sur la terre nue ou sur le roc. — Ils sont d’une patience à toute épreuve et ne se plaignent jamais. De fait, pas un ne poussa le moindre cri pendant notre inspection. J’en vis un vieux, qui avait son petit à côté de lui, saisir violemment par le cou le petit d’un autre. Le pauvret endura cet acte brutal avec une résignation vraiment exemplaire, et ne fit que se coucher sous le bec de son bourreau. Le petit de ce dernier s’attaqua