Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/67

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Néanmoins, au milieu des bois et lorsqu’ils sont perchés sur un arbre, on peut les approcher avec quelque chance de succès.

Ils mangent à toute heure du jour, aussi bien au crépuscule qu’à l’aurore, et même pendant la nuit, quand elle est claire. Pour cela, ils n’ont d’autre règle que leur appétit. Cependant je me suis assuré que lorsqu’on les trouble dans les nuits sombres, ils sont tout déconcertés et ne cherchent qu’à se reposer au plus vite possible. Mais le cas est différent lorsqu’ils passent d’une contrée à l’autre, accomplissant quelque lointain voyage : alors ils volent de nuit, à une grande hauteur au-dessus des arbres, et continuent à s’avancer d’un mouvement régulier.

Le besoin de nicher commence à se faire sentir chez eux plus ou moins tôt, suivant les latitudes, c’est-à-dire des premiers jours de mars au milieu de juin. C’est seulement vers cette époque qu’ils songent à s’associer par couples. Le reste du temps, ils demeurent tout à fait solitaires, et même, excepté dans la saison des œufs, chaque individu semble vouloir se réserver, pour vivre, un canton particulier, d’où il chasse sans rémission tout intrus de sa propre espèce. Ordinairement aussi, ils reposent seul à seul, perchant sur les arbres, quelquefois s’établissant sur le sol, au milieu d’un vaste marais, où ils sont à l’abri des atteintes de l’homme. Cette disposition insociable provient sans doute du besoin de s’assurer une certaine abondance d’aliments, dont, en effet, chaque individu consomme une assez grande quantité.