Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/69

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par couples, et je pense qu’ils sont appariés pour toute la saison ; du moins, je ne les voyais plus s’attrouper, comme précédemment, dans un même lieu, et leur humeur, dès lors, paraissait beaucoup plus pacifique.

Ils ne sont pas, tant s’en faut, dans l’habitude constante d’élever leur famille en communauté plus ou moins nombreuse. Sans doute, j’ai vu plusieurs associations de ce genre ; mais souvent aussi j’ai trouvé des couples qui nichaient à part. Ils ne font pas non plus invariablement choix d’arbres s’élevant de l’intérieur d’un marais, puisqu’aux Florides j’ai remarqué des héronnières au milieu de landes couvertes de pins, à plus de dix milles de tout marais, étang ou rivière. Les nids sont établis tantôt sur la cime des plus grands arbres, d’autres fois à quelques pieds seulement de terre ; il y en a qui reposent sur le sol même, et on en trouve jusque sur des cactus. Aux Carolines, les hérons de toute espèce sont extrêmement abondants, non moins peut-être que dans les parties basses de la Louisiane et des Florides, là où des réservoirs et des fossés, sillonnant de toutes parts les plantations et les champs de riz, sont remplis de poissons de diverses sortes, qui leur assurent une proie riche et facile. Aussi viennent-ils y nicher en grand nombre ; et quand ils ont eu soin de s’établir au-dessus d’un marais, ils peuvent y vivre aussi sûrement qu’en aucun lieu du monde. Qui donc oserait les poursuivre au fond de ces affreuses retraites, dans une saison où il s’en exhale des miasmes mortels, et au risque d’être cent fois englouti avant d’arriver jusqu’à eux ?

Imaginez-vous une surface de quelques cents acres,