Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/80

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disponible. Je me trompe quand je dis maison ; c’était une hutte faite de souches et de troncs d’arbres. Comme il n’y en avait pas de meilleure, nous dûmes nous en contenter, et nous nous y installâmes de notre mieux. Le pays, aux environs, se trouvait presque sans habitants ; les provisions étaient rares, mais nos voisins étaient de braves gens, et nous avions apporté avec nous de la farine et des jambons. Nos plaisirs étaient ceux de deux nouveaux mariés, pleins de vie et le cœur joyeux ; un sourire de notre enfant nous valait tous les trésors du monde. Les bois étaient peuplés de gibier, la rivière abondait en poisson ; et, de temps à autre, un doux rayon de miel sauvage, que je dérobais à quelque arbre creux, venait enrichir notre petite table. Le berceau de notre enfant formait la plus riche pièce de notre mobilier ; nos fusils et des lignes à pêcher étaient les instruments qui nous rendaient le plus de services. Nous avions bien commencé à cultiver un coin de jardin ; mais la terre était si forte, que la première année, nos semis se trouvèrent de bonne heure étouffés sous de grandes herbes. J’avais avec moi un associé, ou homme d’affaires, et de plus un jeune Kentuckien, à qui les amusements de la forêt et de la rivière allaient bien mieux que le livre journal ou le grand livre. C’était, je puis le dire, un garçon né pour la vie des bois ; il était chasseur, pêcheur, et comme moi comptait avant tout, pour fournir le ménage, sur le poisson et le gibier. Ce fut donc de ce côté que, d’un commun accord, se dirigea toute notre industrie.

Quantité aussi bien que qualité étaient des objets