Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/97

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ger d’un animal qui n’eût été tué, soit par lui-même, soit par un autre de ses camarades ; et même, lorsqu’ils l’ont tué, ils n’y touchent pas s’il y a déjà quelque temps qu’il est mort. Pendant qu’ils mangent, le claquement de leurs mandibules se fait entendre à plusieurs centaines de pas.

Quand ils se sentent blessés, il est dangereux de les approcher, car ils mordent cruellement. On peut dire qu’ils ont la vie très dure. Ils sont gras d’ordinaire, bien qu’ils aient la chair coriace et huileuse, et par cela même d’un assez mauvais goût. Cependant les nègres s’en régalent, en ayant soin de les faire cuire dépouillés de leur peau. Moi aussi j’en ai essayé, mais, je l’avoue, sans succès. Les nègres de la Louisiane détruisent souvent les petits pour en avoir l’huile, qu’ils emploient à graisser les machines.

Les créoles français de cet État les appellent grands flamants, tandis que les Espagnols de la Floride orientale les connaissent sous le nom de fous ou boubies. Étant à Saint-Augustin, je voulus faire une excursion vers un grand lac où l’on m’avait dit qu’il y avait abondance de boubies, en m’assurant qu’avec de suffisantes précautions je pourrais en tuer sur les arbres. Je demandai quelle apparence avaient ces boubies ; on me répondit que c’étaient de gros oiseaux blancs, avec du noir au bout de l’aile, un long cou et un grand bec pointu. Cette description convenant en effet très bien aux boubies, je ne fis pas de questions relativement aux jambes ni à la queue, et je me mis en route. Cher lecteur, figurez-vous trente-trois longs milles au travers