Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/28

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Paris.

Mais ses méchancetés tournent à notre gloire,
Et c’est le plus brillant endroit de notre histoire :
Je n’ai pas réfléchi !

Cléon.

Je n’ai pas réfléchi ! Je n’ai pas hésité !

Paris.

L’honneur a parlé seul, et seul fut écouté.
C’est bien, Cléon ! c’est beau ! c’est grand et magnanime !
Mon amitié pour toi s’accroît de mon estime.

Cléon.

Nous perdons un ami, mais sa perte nous sert
À nous rendre tous deux l’un à l’autre plus cher.

Paris.

Resserrons donc ces nœuds que Clinias croit rompre,
Et montrons-lui des cœurs que rien ne peut corrompre.

Cléon.

Ce sera dignement répondre à ses mépris.

Paris.

Embrassons-nous, Cléon.

Cléon.

Embrassons-nous, Cléon.Embrassons-nous, Paris.

Paris.

Va, garde ton argent, Clinias ; ta richesse
Ne pourrait nous donner un tel moment d’ivresse.

Cléon.

Auprès du pur bonheur d’une belle action,
Que sont trois cents talents de ta succession ?