Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/340

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Adrienne.

Et qu’enfin… Qu’avez-vous à répondre ? Plus bas,
De grâce.

Tamponet.

De grâce.Ah ! vous voulez qu’on ne m’entende pas,
Madame ! vous craignez l’éclat de votre honte !
Je le crains plus que vous.

Adrienne.

Je le crains plus que vous.Vous êtes loin de compte :
Le ridicule seul cause ici mon effroi,
Et lorsque je le crains, c’est pour vous, non pour moi.

Tamponet.

Je serais ridicule !… Ô comble d’impudence !
Elle ose à mon affront conseiller la prudence !
Non, je n’ai jamais vu de cynisme pareil,
Et reste abasourdi devant ce beau conseil !

Adrienne.

Ce qui surtout me plaît du soupçon qui m’obsède
C’est cette sûreté d’erreur qui vous possède,
Cette sagacité qui réussit toujours
À faire fausse route à tous les carrefours ;
C’est enfin cet esprit inventif qui fourmille
De monstruosités sur des pointes d’aiguille.

Tamponet.

Les bras m’en tombent.

Adrienne.

Les bras m’en tombent.Bah ! Vous les ramasserez.

Tamponet.

Savez-vous à la fin que vous m’exaspérez ?
Qu’on ne plaisante pas avec la jalousie,