Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/401

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Une compagne pure en tout et d’un tel prix
Qu’il soit bon d’en tirer les âmes de nos fils,
Certains que d’une femme angélique et fidèle,
Il ne peut rien sortir que de noble comme elle !
Voilà la dignité de la vie et son but !
Tout le reste n’est rien que prélude et début ;
Nous n’existons vraiment que par ces petits êtres
Qui dans tout notre cœur s’établissent en maîtres,
Qui prennent notre vie et ne s’en doutent pas
Et n’ont qu’à vivre heureux pour n’être point ingrats.
Ah ! mon ami, voilà la seule route à suivre,
La seule volupté dont rien ne désenivre !
Vous l’avez sous la main et vous la rebutez
Pour courir les hasards et les calamités !
Réfléchissez encore.

Stéphane.

Réfléchissez encore.Il est trop tard.

Julien.

Réfléchissez encore. Il est trop tard.Non, certe,
Il n’est jamais trop tard pour refuser sa perte.
Mais les femmes ont plus d’éloquence que nous :
À Gabrielle.
Achève, s’il se peut, de sauver ces deux fous.
Moi, je vous quitte. Il faut que je me débarrasse
En lieu sûr et sous clé de cette paperasse.

Il passe à la table et y prend ses dossiers.

À part.
J’ai fait pour la sauver un effort surhumain ;
Je laisse, Dieu puissant, le reste en votre main.

Il sort à droite.