Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/71

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Lui qui disait tantôt à qui voulait l’entendre
Que, si vous l’évinciez, il s’en irait se pendre ?

Cléon.

Moi, me pendre !

Hippolyte.

Moi, me pendre ! Il serait fâcheux sans contredit
Qu’un homme si prospère en santé se pendît,
Et j’en aurais pour moi de la douleur dans l’âme.

Cléon, à part.

Ma figure lui plaît !
Ma figure lui plaît ! Haut.
Ma figure lui plaît ! Rassurez-vous, Madame :
Quoi que vous décidiez de mon sort, je promets
De ne me pendre pas… je ne me pends jamais !
C’est bien plutôt Paris, dont l’ardente nature
Dans la joie ou le deuil n’a jamais de mesure,
Qui, si vous l’évinciez, serait homme à mourir.

Paris.

Je souffrirais beaucoup, mais quoi ! je sais souffrir.

Cléon.

Tu mourrais ! je connais ton cœur mieux que toi-même.
Et moi, j’aurais tué le seul ami que j’aime !
Madame, épargnez-moi ce remords éternel ;
Sauvez, sauvez Paris d’un désespoir mortel.

Hippolyte.

Mon embarras est grand, Seigneur, car je suis bonne,
Et ne voudrais causer le trépas de personne.

Cléon.

Viens-t’en, Paris ; laissons Madame réfléchir.