Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/76

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Cet oubli de lui-même est fait pour me surprendre,
Que, sachant ce qu’il est, il ose à vous prétendre.

Hippolyte.

S’il m’aime !

Clinias.

S’il m’aime ! S’il vous aime, il doit se souvenir
Que son passé présage un méchant avenir,
Et, pour votre bonheur surmontant son envie
À de plus dignes mains confier votre vie.

Hippolyte.

S’il déteste le vice, et, certain d’en guérir…

Clinias.

Il n’en guérira pas, car il n’ose mourir ;
Et la mort seulement, au point où nous en sommes,
De cette infection purge le cœur des hommes.
Enfin, si j’ai toujours quelque crédit sur vous,
Ce n’est pas ce bandit qui sera votre époux.

Hippolyte.

Cléon vaudrait-il mieux ?

Clinias.

Cléon vaudrait-il mieux ? Cléon est encor pire.

Hippolyte.

Vous disiez…

Clinias.

Vous disiez…Oubliez ce que j’en ai pu dire,
J’avais tort ; retournez à Chypre, et que, du moins,
Si vous aimez quelqu’un, d’autres en soient témoins.

Hippolyte, à part.

Il m’aime !